Le rapport « Synthèse sur l’imagerie hyperspectrale » publié en 2008 rassemble et synthétise les applications de l’imagerie hyperspectrale à la fois dans le domaine de la science et celui de la Défense pour le programme d’Observation de la Terre de la Direction de la Stratégie et des Programmes du CNES. Le groupe de travail a réuni vingt représentants de la communauté nationale publique et privée, civile et de défense d’avril 2007 à septembre 2008. La cohérence est assurée avec le Groupe de Travail HyperSpectral (GTHS Défense) ouvert par l’Etat Major des Armées depuis 2004.
Les experts expriment d’abord le bon positionnement des compétences nationales dans six thèmes scientifiques, respectivement « Végétation », « Ecosystèmes Côtiers et Lacustres », « Géosciences – Sciences de la Terre Solide », « Urbain », « Atmosphère » et « Traitement du Signal et de l’Image ». Les trois premiers sont prêts pour un emploi opérationnel des données hyperspectrales spatiales par des utilisateurs privés et publics pour répondre à des enjeux scientifiques et à des besoins sociétaux bien identifiés (aucune étude économique systématique n’a néanmoins été effectuée à ce stade) ; les autres valorisent une compétence nationale forte autant que nécessaire à l’exploitation de données ou sont plus prospectifs. Suivent les thèmes « Défense », qui exprime un intérêt suffisant pour envisager une mission spatiale, et « Technologie / Industrie », décrivant le fort potentiel d’innovation et de maîtrise technologique du domaine.
La synthèse des positionnements montre d’abord que l’hyperspectral devient une technologie spatiale de télédétection avec une orientation unique : l’imagerie des surfaces complexes. Les arguments de la communauté nationale la placent au seuil de percolation légitimant l’implication du CNES. Elle forme, en effet, l’intégralité d’une chaîne de compétence de qualité comparable, sinon meilleure, à celles mises en oeuvre par d’autres agences pour développer des programmes hyperspectraux spatiaux. Par ailleurs, les caractéristiques des missions en cours laissent la place au développement de capacités qui rapprocheraient significativement d’une exploitation opérationnelle de l’espace.
La réserve programmatique du CNES jusqu’à aujourd’hui peut se concrétiser en un avantage stratégique. Il est envisageable, en effet, que la qualité et la quantité des données qui seront fournies par les missions en cours, notamment allemande ou italienne, ne permettent pas sans complément de démontrer l’intérêt opérationnel d’une imagerie hyperspectrale spatiale. Des scénarios d’implication croissante du CNES vers une télédétection hyperspectrale opérationnelle aux horizons 2012 et 2018 sont proposés dans ce sens. La composante hyperspectrale offre par ailleurs au CNES un potentiel d’innovation et de croissance en imagerie optique plus important que les composantes « résolution spatiale » et « champ » qui ont déjà connu un fort développement et sont considérées aujourd’hui à l’international comme faisant partie des axes de R&D industriels (c’est notamment le cas pour Pléiades). Le développement d’une filière d’imagerie hyperspectrale opérationnelle dans laquelle le CNES jouerait un rôle moteur et pérenne pourrait contribuer à la réorientation de l’agence comme suite à l’externalisation de la filière SPOT champ large.
Pour télécharger le rapport du GSH : Synthèse sur l’imagerie hyperspectrale
Pour télécharger le complément concernant la cryosphère de janvier 2014 : Complément sur la cryosphère